Du rifoinfoin à Crécy

(Après Cindy et Golby, Cafard77 poursuit à sa manière l’oeuvre de fiction "du rififi à crécy en brie", voir épisodes de 1 à 12, sujet Fiction NDLR).
La saison chaude approche. Chaude ? tu parles ! Pas seulement pour la météo. Pour certains elle promet d’être chaude !
On en a vu des hommes de mains mais comme ‘‘le coriace’’ ça jamais !
Un personnage hors norme, vulgaire à la peau jaunâtre, transpirante, à l’haleine fétide, le regard flou et la peau semblable à celle d’un rhinocéros.
Celui-là il doit son surnom depuis le jour où il a dit au bourgmestre de s’la fermer. Il en avait assez d’aboyer à sa place qu’il disait. Il avait décidé dorénavant d’aboyer pour lui-même …

Il l’avait toujours fait pour sa pomme remarquez mais pour le coup, il décidait que ce serait pour sa gueu.. et rien que pour la sienne. Il avait écrasé sa grosse pogne rustique sur le bureau, avec la finesse légendaire qu’on lui connaissait. Désormais il bosserait en solo.
En 2010, il avait résisté à tout ‘‘le coriace’’ : à la grande inondation, à la maladie qui ronge, à la montée en puissance du syndicat des commerçants, et à plusieurs tentatives de meurtres. Golby à l’époque avait enquêté mais personne n’avait parlé. Même les commerçants s’l’étaient fermée (mais ça c’est pas un scoop), certains disent que ça pourrait être un coup du syndicat. Mais l’enquête avait échouée. Trop de gens lui en voulaient : les bourgmestres des autres communes, les syndicats, les associations, ses voisins, ses collègues, les pêcheurs et même, même sa propre femme !

PinkCindy n’était pas en reste non plus : à peine relevée de son état d’algue brune tout dessèchée, son escarpin bousillé, la bouffette de gaz de la jardinerie, les plantations de ses géraniums, vl’à qu’elle apprend l’internement de sa copine, ancienne leader du syndicat des commerçants, à l’hôpital où a longtemps séjourné blackshadow ! Son amie de toujours, son presque sang, sa sœur !!! La rumeur circule dans la ville que cette dernière avait trop d’influence sur la population et qu’un soulèvement socio-culturel aurait pu avoir lieu. ‘‘Le Coriace’’ pouvait pas laisser faire ça ! Le pouvoir ça s’partage pas. Il lui a cloué l’bec à la rebelle et beaucoup lui en ont voulu pour ça, un vrai pavé dans la mare ! Mais c’est pas ça qui allait l’arrêter ‘‘le Coriace’’, du moins pas tout de suite… Une fois en retraite (et en retrait), elle était plus un obstacle la rebelle et la démocratie était morte et enterrée. Tout était en ordre. Plus personne ouvrait sa gueu… Mais tout le monde pensait tout bas… La résistance a commencé à gonfler ses rangs, sournoise, omniprésente… La colère et la haine à mijoter, à petit feu, en silence… Dans les milieux bien informés, certains disent que c’est ainsi qu’en 2025, il s’est r’trouvé dans la résidence secondaire de Blackshadow, interné par ses pairs, sans voix, ses cordes vocales bouffées par le tabac et l’alcool, ses grosses pognes attachées. Pas une goutte de sang. Pourtant, c’était pas beau à voir.

En 2026, six mois après son internement, ‘‘Le Coriace’’ rend son tablier. On l’a r’trouvé, un matin d’automne, raide mort. Tout bouffi qu’il était, comme un poisson lune. Ses grosses pognes suantes, puantes, n’étaient plus que deux grosses pierres toutes froides.
Plus d’un aurait souhaité le voir trucidé par un quelconque vagabond, un monsieur tout le monde qu’il aurait humilié dans l’passé et qui, assoiffé de vengeance lui aurait troué le cuir.
Il gisait sur le lino de sa véranda, la clope au bec, un filet de bave au coin droit de l’orifice qui lui servait de bouche. Plus personne ne l’entendra vociférer ses horreurs, ses obscénités, ses blagues bien grasses. La maladie qui ronge avait terminé son boulot. Pour sûr, c’était la meilleure chose qui venait de se produire depuis des décennies. Dans son sillon, il avait même pas pris l’temps d’y laisser la moindre trace de descendance. Et c’est tant mieux.

Les mauvaises langues disent qu’il aurait un bâtard né d’une nuit d’ivresse dans les bas fonds de la ville, avant la construction du barrage mais l’histoire n’a jamais été confirmée. Surtout que le rej’ton  loin de r’ssembler à son ignoble père, est plutôt du genre mijoré du style à aimer la voile et les trains à vapeur, à jouer à la poupée et à chausser les souliers et les lunettes de maman. Ah les lunettes ! Il adore ça ! Il en fait même collection. Femmes à lunettes, femmes à…  Mais ça c’est une autre histoire, au titre très prometteur : du rifionfion à Crécy. Mais, j’ai bien peur qu’ce soit pas beau à voir.