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Entre Marne & Grand-Morin
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La tradition artistique
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L’histoire commence en 1855 par l’arrivée de Servin à Villiers. Installé à l’auberge du pont de Villiers, devenue Le Souterrain, il ne quittera plus ce village. Il fera venir ses amis rencontrés chez Drölling ou à Barbizon où il étudia et fit ses débuts. Il se lia d’amitié avec un journaliste local, Jules Grenier.

En cette période du XIXème siècle les peintres se libèrent de leur enseignement traditionnel. Grâce à l’invention du tube de peinture, ils se déplacent dans la nature, plantent leur chevalet en plein air et trouvent de nouvelles sources d’inspiration.
Ils peignent sur les lieux même les paysages, avec leurs couleurs et leurs ombres de l’instant.

De Corot, qui trouvait "que la lumière était bonne", à Commère, qui suivait les pas de Dunoyer-de-Segonzac, les artistes célèbres et les "petits-maîtres" français, américains, canadiens ou japonais, …, se sont plu dans notre vallée et nous ont laissé leur interprétation de lieux aujourd’hui souvent inchangés.

Ces peintres ont participé, influencé, et dans tous les cas, traversé, les divers courants artistiques du moment, ce qui nous vaut des œuvres d’expressions si différentes.

Élèves d’un même atelier, les anciens invitant les plus jeunes artistes à découvrir notre vallée et à y vivre des fêtes mémorables.

Pendant un siècle, tous les courants de peinture ou presque vont être représentés à Villiers, Crécy ou encore Voulangis.
Se succèderont, au cours des époques :
- Corot, Chatelain, Decan, Serrier, Cinot, Guery, ...
- Toulouse-Lautrec, Ibels, Emily Carr, Altmann,
- Dunoyer de Segonzac, Carles, Derain

Le XXème siècle verra l’arrivée d’artistes étrangers, américains, japonais, canadiens, luxembourgeois, roumains, russes, ...
Les japonais furent particulièrement remarquables par la variété des courants de peinture qu’ils représentèrent.

Edward Steichen, peintre et photographe américain d’origine luxembourgeoise s’installera à Voulangis. Il y accueillera le sculpteur Brancusi, le photographe Man ray, le peintre Arthur Carles.

Tous trouveront dans la vallée du Grand-Morin des lieux d’inspirations hors du commun et une lumière que tous qualifieront d’exceptionnelle.

Alexandre Altmann, inspiré par le fauvisme et le cubisme s’installe à Crécy.
Il sera aussi important pour Crécy au XXème siècle que Servin le fut pour Villiers au XIXème siècle.

Georges Pacouil et Jean Commère furent les peintres les plus récents à s’illustrer dans la vallée.

Tous ces peintres sont destinés à être les ambassadeurs de la région au travers du circuit des peintres mis en place par le Pays Créçois en 2007.

Depuis longtemps déjà, l’appellation « Vallée des peintres du Grand Morin » est connue sur notre territoire du Pays Créçois, mais il manquait sa matérialisation, indispensable afin qu’un public moins restreint et privilégié puisse profiter de ces oeuvres et de ces paysages.


Plan d’ensemble des circuits.

Nous sommes au milieu du XIXe siècle, rejetant les scènes galantes et futiles du Rococo, la peinture se veut sobre, éloquente mais aussi exemplative.
L’art moral et didactique a recours à des scènes antiques, le paysage n’est qu’accessoire. C’est l’apogée de Jacques-Louis David et de son école. Selon la tradition, afin d’entrer à l’école des Beaux-Arts, les jeunes artistes commencent leur apprentissage au sein d’ateliers de peintres reconnus. C’est chez Martin DROLLING puis chez François PICOT qu’Amédée SERVIN apprend, selon ces critères académiques, la minutie de son art et qui, par sa franche gaîté, se lie d’amitié avec de nombreux élèves qui le rejoindront plus tard à Villiers, pour notre bonheur.
A cette époque, nombreux sont les jeunes artistes se rebellant contre l’académisme enseigné.

Ils brisent le carcan du travail en atelier et plantent leur chevalet en plein air, tirant profit des évolutions techniques car le tube de peinture vient d’être inventé.
Ils peignent sur leurs lieux même les paysages, avec leurs couleurs et leurs ombres de l’instant ; la liberté de l’émotion naissant de l’observation de la nature.
Comme bien d’autres, Amédée Servin, en compagnie de son collègue Georges GASSIÈS fréquentent assidûment Barbizon jusqu’en 1855.
Lors de ces séjours, il rencontre bien sûr les maîtres des lieux : Théodore ROUSSEAU,
Jean-François MILLET, Narcisse DIAZ, et aussi Paul HUET, Eugêne DECAN, Jules THÉPAUT, des artistes qui seront plus tard des familiers de notre vallée.
Après quelques séjours en diverses régions de France, Bretagne, Auvergne, Normandie, puis en Hollande, Amédée SERVIN revient à Paris et se marie en 1857.


Servin - Intérieur d’étable dans la Brie


Cette même année, à la recherche des paysages briards vantés par Alexis LEDIEU originaire de Quincy, lui-même ancien de l’atelier PICOT, Amédée SERVIN descend du train à Esbly et explore la vallée du Grand Morin en remontant son cours jusqu’à l’auberge du pont de Villiers, l’actuelle auberge du Souterrain.
Il avait prévu d’y rester quelques jours.
L’accueil d’Aimé DOUET l’aubergiste, les échanges francs et jovials avec les villageois, la beauté et l’éclairage des paysages le décident à rester définitivement à Villiers.
Nombreux amis, dont des anciens des ateliers DROLLING et PICOT, viennent le rejoindre.
Certains pour de brefs séjours, d’autres, comme lui, s’installent dans la vallée.
Avec Jules GRENIER, un jeune journaliste local, il fonde le Cercle artistique, prétexte de rencontres et de fêtes.
C’est une vraie histoire d’amité.


Corot - clocher de Crécy


A Crécy, au soir de sa vie, Camille COROT vient rejoindre ses amis Eugène DECAN et Francisque CHATELAIN, sans doute y aura-t’il rencontré Amédée SERVIN.
DECAN et SERVIN étaient à Barbizon 17 ans plus tôt.


Franck CINOT - Le pont de Couilly

Franck CINOT, natif de Voulangis, apprend à peindre auprès d’Alexandre VÉRON,
d’Alexandre BOUCHÉ, du groupe de Luzancy, et d’Amédée SERVIN.
Vous retrouverez dans les toiles de ce jeune artiste, mort à 38 ans, le trait et la minutie des oeuvres de ses maîtres.

Armand GUÉRY, Auguste PRÉVÔT-VALÉRI, Georges SERRIER, peintres réalistes aimant à représenter les paysages de la vallée s’inscrivent dans la continuité artistique de ce groupe d’amis.

Jadis élève de la princesse Mathilde DEMIDOF fille de Jérôme BONAPARTE, Amélie SANS, surnommée Lili, était modèle d’Edgar DEGAS et l’égérie des anciens de l’atelier Fernand CORMON ; c’est par elle, que ces artistes arrivent dans la vallée.
Lili, épouse d’Albert GRENIER, lui même élève de cet atelier ; possède deux maisons à Villiers, l’une rue du Touarte, l’autre au hameau de Montaigu.

Le couple invite leurs amis, anciens de l’atelier CORMON : Louis ANQUETIN, Henri de TOULOUSE-LAUTREC, Émile BERNARD, Vincent VAN GOGH, et apporte à Villiers leurs fêtes parisiennes.


Henri-Gabriel Ibels par Toulouse-Lautrec.


Suzanne VALADON, mère de Maurice UTRILLO, réside au Petit-Morcerf et Henri de TOULOUSE-LAUTREC peint sur les murs de l’auberge du Cercle artistique…
À l’avènement du XXe siècle, la vallée du Grand Morin reste pour les peintres un lieu d’inspiration.

Les Fauves rejètent les courants artistiques qui les ont précédés, ils favorisent une simplification des moyens, abandonnent la perspective illusionniste, affirment l’autonomie de la couleur pour la représentation de l’espace et intègrent les émotions du peintre comme composantes picturales.

André DERAIN, l’un de ces chefs de file vient à Serbonne.
Plus tard, il fera découvrir notre vallée à André Dunoyer de Segonzac qui, de son stylet, en griffera de nombreuses plaques de cuivre, dont douze eaux-fortes composant la « Suite du Morin ».

Ce dernier, et André PLANSON artiste de La Ferté-sous-Jouarre, peindront le Grand Morin au pré Manche.
Les auberges de Villiers restent des lieux de rencontre, d’échange et de fêtes.
Depuis quelques temps, l’accent américain résonne fréquemment dans les rues de Crécy.
Le mouvement « École de Paris » regroupe à Montmartre et Montparnasse de nombreux peintres étrangers, et contribue à la venue d’artistes dans notre vallée :

Emily CARR artiste canadienne, venue à Paris pour y trouver le « Nouvel art » préfère séjourner à Crécy en 1911 pour « ses lumières et ses couleurs qui se mêlent à l’air » dit-elle.


Les peupliers de Steichen

Edward STEICHEN peintre et photographe américain s’installe à Voulangis il y accueille à plusieurs reprises le peintre dada-surréaliste MAN RAY et le sculpteur roumain Constantin BRANCUSI.


La première « colonne sans fin » est sculptée dans le jardin de STEICHEN


Arthur Beecher CARLES, autre peintre américain, est également à plusieurs reprises l’hôte de STEICHEN.
Comme Emily CARR, Arthur B. CARLES trouve aussi son inspiration dans cet art moderne français.
Ses oeuvres très colorées, influencées par Paul CEZANNE et Henri MATISSE, rayonnent la joie de vivre.

Yuso SAEKI, jeune artiste japonais, vient à Villiers accompagné de Takanori OGUISS et Takeo YAMAGUSHI.
Durant février 1928, il peint notre vallée, de Villiers à Saint Germain.
Son traçé fougueux, ses couleurs sombres semblent être le présage de sa courte vie.
SAEKI meurt en août de cette même année, à l’âge de 30 ans.


Altmann - maison au saule pleureur


Alexandre ALTMANN, peintre réfugié russe, curieux des mouvements Fauve et du Cubisme,
après avoir travaillé à la Ruche où il rencontre Marc CHAGALL, s’installe à Crécy dans les années 20.
Il peint Morin et brassets, paysages liés à l’eau, et lèguera à la ville de Crécy de nombreuses oeuvres.

En 1925, Georges RAULT arrive à Villiers.
Peintre social, il aime croquer les scènes de la vie paysanne et ouvrière.
Une anecdote confiée par Daniel CHAMAILLARD : c’est ce dessin promptement jeté sous ses yeux d’enfant qui décide de sa carrière de peintre. On ne peut que s’en réjouir.

Plus récemment Georges PACOUIL, peintre parisien, disciple et ami du « grand chêne » surnom donné à André DUNOYER de SEGONZAC, peint le Grand Morin et les brassets créçois.
Le travail du pinceau est affirmé en touches larges de couleurs fortes, il exprime la sensibilité de l’artiste et traduit l’atmosphère sereine des lieux.

N’oublions pas notre voisin Jean COMMERE.
Il a également sillonné nos paysages, en laissant derrière lui des oeuvres à la lumière éclatante, pleines de sa sensibilité.


Commère - descente de croix

Venez découvrir notre circuit des peintres et nos paysages qui ont éveillé l’émotion.de plus de quarante artiste.

La genèse de la "Vallée des Peintres". "En 1877 Amédée Servin créé le cercle artistique de Villiers, cercle qui perdure jusqu’à nos jours sous la houlette d’Henri Corpechot.

On dispose ainsi de beaucoup d’informations sur Villiers mais peu sur Crécy, d’où de gros travaux de recherches initiés par une thèse de DEA d’une étudiante en 2001.

Lorsque le président Corpechot m’a demandé de mettre en place ce projet, je m’y suis investi avec un grand intérêt, découvrant ces histoires avec l’aide éclairée de Daniel Chamaillard, peintre et maire de Villiers et d’Henri Corpechot, président de l’association Office de Tourisme, en charge de l’animation de notre Maison du Tourisme, et membre du Cercle artistique de Villiers-sur-Morin. Ce dernier n’a cessé d’être actif depuis sa création en 1877 par le peintre Amédée Servin, un des piliers de notre projet.

Daniel et Henri se souvenaient encore de personnes ayant côtoyé la plupart de ces artistes.
Il était important de transcrire ces connaissances. Ce travail a été largement entrepris en 2001 par Virginie HONORÉ, étudiante en Histoire, dans le cadre de son mémoire de DEA.
Si à Villiers, les peintres et leurs oeuvres étaient bien recensés, à Crécy, dans l’ombre de Camille COROT et d’Alexandre ALTMANN, nous étions moins renseignés.

La perspicacité d’Elisabeth Landrieux, déléguée communautaire et vice-présidente de l’office de Tourisme, nous permet aujourd’hui de vous dévoiler des oeuvres majeures, notamment celles d’Emily CARR artiste canadienne, et d’Henry SUGIMOTO peintre japonais : des oeuvres répertoriées en d’autres lieux, en sud Seine-et-Marne, voire même en Bretagne."

Jacques Piedeloup, Vice-Président du Pays créçois en 2007 et Président de l’Office du Tourisme de 2010 à 2015,
dont l’ensemble de cet article est largement inspiré du texte inaugural de 2007.

A lire :

http://www.expatway-magazine.com/article.php?lang=fr&rubr_id=5&arti_id=2803
http://www.france-voyage.com/tourisme/vallee-grand-morin-1490.htm